Je pensais au "splash" de David Hockney. L'hôtel était presque vide, seule la piscine bleue gardait sa lumière alors que le ciel d'hiver sentait l'orage et les bouteilles de bières mexicaines, roulaient sur le ciment. J'avais fait la photo "The end of the road movie", le corps flottant d'une femme dans la piscine. C'était la fin de l'histoire, celle-là c'était en toute amitié pour le peintre, je l'avais appelé "David's dive"  (le plongeon de David). 

Je suivais le sillage de Jeanne sur le continent, entre exode, état d’alerte, de bus en bus, à chaque étape, je récoltais les histoires des personnes dont le destin avait été remis en question par la tornade géante. Grâce à Mark, chercheur au centre de météorologie de Miami, nous avons pu nous approcher des zones encore interdites, afin de limiter la présence d’amateurs de paranormal en quête des boules de feu et autres phénomènes.

Londres, en rentrant de Dundee en Ecosse, je rencontre Graham grâce à un ami commun, nous passerons des nuits entières dans son studio d'enregistrement sous les arcades de King Cross, à écouter du "gabber". C'est là, que je lui ai demandé de me ralentir le morceau, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un souffle, un long battement de coeur. Les expériences sur le silence ont commencé cette nuit-là. Elles donneront  deux pièces: "White Tone X10.000" (accélération de silence jusqu'à 10.000 fois) et la "collections de silence de cinéma" (avec l'aide de la Warner Bros).

Le magnifique dos d'irina se penchant à son balcon à New York. J'ai passer quelques nuits chez elle. C'est dans son couloir d'immeuble, vert hopital, que j'ai fait la photo "Me and my gost (moi et mon fantôme)" avec son drap de lit, un jour qu'elle était partie au travail.

 La lumière tombait doucement sur la terre rouge du désert. Juliana et moi avons laissé la voiture rouler jusqu'à un terrain habité. Le soir venu, j’ai parlé avec cette  femme, elle vivait  dans son véhicule  avec  son chien, elle avait  80 ans, et n’ayant plus d’argent, comme d’autres personnes âgées, elle avait rempli son véhicule et était partie pour le désert, à la recherche d’un endroit où se poser. Elle me dit : je deviens aveugle, et mon chien aussi, je n’ai pas assez d’argent pour me soigner, même si j’en avais un peu, je ne sais ce qui serait le plus important, soigner les yeux de mon chien ou les miens. Elle portait les clés de son véhicule autour du coup. Je savais qu’il y avait d’autres hommes âgés qui se repliaient dans le désert, en de petits campements.

C'était à Ostia, près de Rome. Je venais de retrouver mon père, mais il allait disparaître cette année-là. Mon ami se penche en arrière, la lumière grise du bord de mer semble l'attirer, à moins que ce ne soit une scène étrange, une scène incompréhensible qui l'aspire hors de l'image. Ces mains posées sur la nappe blanche de la table, reviendront souvent dans mes dessins, comme les glissements, les chutes, dans les performances.

À part l'appareil photo, un vieux modèle manuel, je me déplaçais avec un sac plein de photos en petits formats, de papier gribouillé, de stylos de couleurs, et d'images trouvées sur le chemin, cartes postales, journaux, livres. Je n'ai jamais eu de voitures en voyage, je devais donc trouver le moyen le moins cher pour me déplacer, savoir faire confiance, et ne pas paniquer quand j'allais pas du tout là où je pensais aller. Parfois une rencontre devenait une vrai temps de vie. À cette époque je travaillais sur les images et la quête de soi à frontière entre Tijuana et San Diego.

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